S’il y a un endroit où doit opérer la magie en préparation mentale, c’est bien l’entretien individuel mené avec le sportif.
C’est là que se joue les prises de conscience, les amorces de changement, les réflexions sur le sport, la performance, c’est là aussi que le sportif prend le temps de prendre du recul sur sa pratique, qu’il fait une relecture du passé et qu’il se projette dans l’avenir, qu’il s’ouvre en toute intimité sur ses espoirs, ses doutes, ses émotions…
Vous aimeriez bien être une petite souris et assister à un entretien de préparation mentale, quel que soit le sport ?
On va vous guider en vous parlant des étapes de l’entretien.
Et, bonus, les 3 clés fondamentales pour faire avancer le sportif dans sa démarche :
- Avoir une grande qualité de présence et d’écoute
- Savoir poser des questions qui creusent et affinent
- Oser challenger le sportif. Car c’est en le destabilisant qu’on le sort de sa zone de connu…et donc qu’on le fait progresser !
1/ A quoi sert un entretien de préparation mentale ?
- Faire le bilan
- Du court terme, c’est-à-dire d’une compétition ou d’un cycle d’entraînement
- A plus long terme, pour prendre du recul sur sa pratique et son niveau, il est utile de regarder les choses avec une perspective temporelle différente : plus loin dans le passé et clarifier sa confiance entre faisant le point sur ses progrès. Et même, de manière plus profonde, plus philosophique : se connecter à son rêve, source d’énergie et de motivation
- Identifier des zones de progrès
- On pourrait appeler des objectifs. On préfère parler de progrès ou d’axes de travail car l’objectif créé une tension liée à la temporalité
- Changer de mentalité
- C’est la manière dont on voit le monde qui donne des ailes au sportif ou le limite. L’entretien de préparation mentale permet donc de mettre à jour les préférences et habitudes du sportif, ses croyances, son style préférentiel, ses valeurs, sa manière de réagir au stress, etc.
- Et bien sûr, au-delà de les mettre à jour, le préparateur mental questionne ces éléments de représentation du monde. Et ce n’est pas une mince affaire que de destabiliser une croyance ! Surtout que le sportif que vous accompagnez, s’il a le niveau qui est le sien, c’est qu’il s’est construit sur ses croyances. Donc il y « croît » vraiment !
- Expérimenter de nouvelles pratiques
- Durant l’entretien, le préparateur mental va préparer le sportif à vivre les choses différemment, soit concrètement pendant la séance, soit intérieurement grâce à la visualisation. Cette expérimentation dans un cadre sécurisé permet ensuite au sportif de se lancer dans le grand bain.
- Parmi les expérimentations, il y a notamment toutes les expériences psycho-corporelles, c’est-à-dire qui réunissent le corps et l’esprit, comme la méditation, la sophrologie, la respiration, le yoga, etc.
- Définir un plan d’entraînement
- La plupart des séances de préparation mentale se termine par une mise en action des athlètes : il y a une co-construction de nouvelles façons de faire. Par exemple de se préparer avant un entraînement, de se concentrer, de récupérer, de visualiser, de poser une intention, de gérer une émotion, de trouver du relâchement, etc.
2/ Les étapes de l’entretien
- La première chose : se connecter avec le sportif. On parle de création d’alliance. Même si vous l’accompagnez depuis longtemps, il est important de démarrer en se connectant à la personne entière que vous avez en face de vous
- Le cycle de l’entretien : PMFC
- P comme Progrès : quels progrès le sportif souhaite-t-il faire ? Quelle nouvelle performance souhaite-il atteindre ? On entend parfois parler d’habiletés mentales (fixation d’objectifs, engagement, confiance en soi, réaction au stress, contrôle de la peur, relaxation, activation, concentration, reconcentration, imagerie, pratique mentale, préparation à la compétition), mais les athlètes ne vont jamais présenter les choses de cette façon. Ils vont parler de difficultés concrètes qu’ils rencontrent et c’est bien de là qu’il faut partir plutôt que de « classifier » le problème du sportif. C’est aussi ce qui va permettre de faire le lien entre le mental, le physique et la technique. Car quand les sportifs parlent d’une situation concrète, que ce soit pour un sport individuel ou un sport d’équipe, tout s’entremêle
- M comme Moteurs : pour quelles raisons est-ce si important pour lui de progresser sur ce sujet spécifique ? Ici le préparateur mental pourra immerger le sportif dans ses moteurs grâce à la visualisation / imagerie, en gardant en tête qu’il y a des moteurs à court terme (relever un défi) et d’autre à long terme très puissants (le rêve du sportif, la mission qu’il se donne)
- F comme Freins : qu’est-ce qui pourrait limiter ses progrès (bien souvent on retrouve ici les pensées négatives ou croyances limitantes)
- C comme Changements : clarifier et rendre concrets les changements à opérer pour une meilleure performance, de meilleurs résultats. Par exemple « Je souhaite gagner en confiance en moi » n’est pas du tout concret. Il s’agit d’abord de définir avec le sportif ce qu’il entend par confiance et surtout de clarifier ce qu’il ferait de différent s’il sentait qu’il avait confiance en lui. C’est à partir des changements à réaliser que va se construire la discussion et le plan d’entraînement / les exercices à faire (qu’on appelle des « jeux » chez Soyez P.R.O.). C’est aussi ici que le préparateur mental va utiliser les techniques de changement qu’il a apprises
- A l’issue de l’entretien, il est utile de faire un bilan des prises de conscience, des nouveaux apprentissages et des actions à mener par la suite
3/ La posture et les qualités fondamentales à avoir
- L’art de l’écoute
- Ecouter, ça s’apprend ! C’est même la base du travail d’u nbon coach mental. C’est quoi une bonne écoute ? Une écoute neutre, sans projection, sans jugement, sans écho particulier en soi. C’est rentrer dans le monde de l’autre sans se faire aspirer. C’est d’ailleurs tout le problème avec l’empathie présentée dans la plupart des formations et des livres : le piège est justement de prendre ce que dit le sportif pour argent comptant. Ecouter c’est suivre le fil de la logique de l’autre sans s’y associer. Sinon, comment l’aider à élargir sa perspective et à remettre en question certaines choses nécessaires à une plus grande liberté intérieure ?
- La puissance des questions
- Au-delà du traditionnel dyptique questions ouvertes au-début puis fermées pour s’assurer d’une bonne compréhension, il y a des questions qui élargissent le champ de réflexion et d’autres qui le rétrécissent. Demander « Selon toi, pourquoi as-tu perdu cette compétition ? » amène par exemple une analyse cognitive rationnelle défensive (et potentiellement le sportif va se focaliser sur le négatif). A contrario, demander « Sur quoi veux-tu capitaliser pour la prochaine compétition ? » permet au sportif de faire émerger ce qu’il fait de bien.
- Challenger, destabiliser pour faire progresser
- Il y a une croyance bien installée chez les préparateurs mentaux qui est qu’il faut être bienveillant ; tout dépend de la définition qu’on donne à la bienveillance…si c’est de laisser l’autre dans une zone de confort, alors pour nous il s’agit plutôt de complaisance…Nous pensons au contraire que l’athlète peut progresser quand il est destabiliser, c’est-à-dire qu’il perd l’équilibre confortable de sa zone de connu, de sa zone de confort. Challenger, c’est confronter une incongruence entre ce qui est pensé, dit et réalisé ; c’est aussi poser des questions inconfortables qui amène l’autre à penser différemment, et donc à voir le monde différemment.
Ces 3 piliers sont au cœur de l’entretien qu’on peut appeler coaching mental. A ceci s’ajoute les techniques et outils de préparation mentale qui ont bien sûr toute leur place aussi.
Dans cet article, nous avons évoqué :
- les différentes finalités d’un entretien de préparation mentale
- les étapes qui constituent l’entretien
- les fondamentaux de la posture de l’entretien
Si vous voulez en savoir plus sur les spécificités de notre formation en préparation mentale, contactez-nous.