Quand on veut, on peut. Vraiment ?

Les limites de la volonté

La volonté est un peu un mot magique dans notre culture occidentale. Sans volonté, on n’a rien, n’est-ce-pas ?

Les Américains sont sans doute les plus gros consommateurs de cet ingrédient. Yes we can !

Et dans le sport, on peut souvent lire des analyses du genre : « il a une volonté hors du commun et c’est grâce à ça que c’est un champion ! ».

Y’a juste un petit hic.

Dans bien des situations, plus je veux y arriver moins j’y arrive !

Plus je veux me relâcher, plus je suis en contrôle.

Plus je veux éviter un obstacle, plus il est présent dans mon esprit et donc plus j’ai de chance de buter dessus.

Et puis, essayez donc d’être spontané volontairement, d’être créatif ou encore d’être naturel sur commande !

Bref, certains états propices à la performance s’éloignent de vous à mesure que vous vous évertuez à vous en approcher.

 

Oui mais alors il faudrait ne pas vouloir quelque chose pour l’atteindre ?

Est-ce qu’alors il faut vouloir perdre pour gagner ?

 

Commençons par la base : ne pas vouloir gagner ne signifie pas vouloir perdre.

Ni vouloir gagner ni vouloir perdre mais simplement agir, voire se laisser agir.

Schématiquement, on pourrait dire qu’il y a dans le sport 2 temps : un temps où je pose une intention, un temps où j’agis / où je me laisse agir.

En résulte la question suivante : comment faire pour lâcher mon intention et passer à l’action ? Car si je veux lâcher mon intention alors ma volonté ne risque-t-elle pas de nuire à mon lâcher prise ? Et puis il y a l’attente que pourrait générer ce travail de « cesser » de vouloir (un renoncement calculé, donc). André Agassi dans son autobiographie : « Puisque j’ai renoncé à être perfectionniste, pourquoi est-ce que je n’atteins pas la perfection ? ».

En préparation mentale, voici quelques pistes que nous pouvons utiliser pour laisser le corps agir sans action de la volonté :

  • Le langage du cerveau.

On peut parler au cerveau de manière spécifique, objective, factuel. C’est notre manière habituelle de faire. Celle qui amène à classifier, à comparer, à contrôler les choses (chaque chose a un nom et chaque chose est à sa place). C’est le langage de la volonté.

On peut aussi parler au cerveau de manière globale, subjective, métaphorique. C’est le langage sur lequel la volonté n’a pas de prise.

  • Le langage du corps.

Comment diminuer la compulsion de contrôle de l’esprit ? En le privant d’énergie, c’est-à-dire d’attention. Donc en focalisant son attention (notre stock est limité !) sur notre corps, et plus spécifiquement sur nos sensations corporelles. Plus on sera fin dans l’observation, le ressenti, et moins il y aura de place pour la volonté « brute ». Cette hyperfocalisation sur les sens amène à être dans l’instant présent alors même que la volonté nous projette dans le futur (« je veux qu’il se produise ceci ou cela »).

  • La dualité ? Les contraires se rejoignent.

Vouloir cesser de vouloir…Il y a une façon originale et élégante de dépasser cette contradiction : en voulant plus !

Ainsi par exemple, c’est en me crispant intentionnellement que je créé un potentiel pour me relâcher.

  • Se mettre dans un état de conscience modifié.

Il y a des états que nous vivons tous régulièrement dans notre quotidien où nous sommes à la fois présents et absents à ce que nous faisons. Ainsi, nous réalisons une fois arrivés à bon port que nous avons conduit sans réellement y faire attention.

Faire les choses sans y prêter attention mentalement, c’est un peu ça se laisser agir, non ?

En préparation mentale, nous aidons le sportif à se mettre dans cet état modifié de conscience, dans cet état d’hypnose.

 

Bien sûr, ces 4 axes ne sont pas exhaustifs et ne sont pas des recettes : ce qui compte avant tout c’est de partir du sportif pour l’aider en tenant compte de nombreux paramètres : ses croyances, ses préférences et habitudes, ses capacités, ses peurs, etc.

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