Comment booster la motivation d’un sportif ?

Cela paraît pourtant simple : si un sportif a décidé d’embrasser une carrière professionnelle, c’est qu’il a déjà fait des choix forts et donc que son niveau de motivation est très élevé. Sauf que cette motivation, comme un feu intérieur, doit être régulièrement ravivée…

Car la motivation est un peu comme le carburant des sportifs : quand il n’y en a plus, les sportifs sont à l’arrêt : perte d’envie, entraînements faits à moitié, discipline non tenue, etc.

On pourrait dire que la motivation permet de persister malgré l’aversion. L’entraînement est difficile ? Oui, mais le sportif le fait quand même car le jeu en vaut la chandelle !

Et c’est d’autant plus stratégique de réfléchir à la motivation, que quand elle baisse, une spirale négative risque de se mettre en place : moins l’athlète est motivé, moins il performe, et moins il obtient de résultat, plus il se démotive.

Et quand elle est au plus bas, le champion risque de tomber dans un certain mal-être, voire un état dépressif qui se caractérise non seulement par une absence d’énergie totale (apathie) mais aussi par un sentiment de vacuité (plus rien n’a de sens) et par des idées noires.

Dans cet article, nous verrons donc :

 

1/ Que recouvre la motivation ?

Etymologiquement, motivation signifie « motif de l’action ». En d’autres termes : pour quelles raisons se met-on en action ?

On différencie généralement :

  • la motivation extrinsèque, c’est-à-dire quelque chose d’extérieur qui nous met en énergie. Cela peut être le besoin de reconnaissance et le regard des autres, l’argent, faire plaisir à son coach ou à ses parents, etc.
  • la motivation intrinsèque : le feu intérieur qui donne du souffle au sportif

Mais en réalité, ce qui vient de l’extérieur (extrinsèque) est intimement lié à nos « besoins » internes : l’argent peut par exemple renvoyer au besoin de sécurité ou de se sentir important aux yeux des autres grâce à un statut social élevé.

Il est donc plus intéressant d’explorer ce qui booste la motivation et ce qui la freine.

2/ Nourrir la motivation

Les facteurs de motivation sont évidemment propres à chaque sportif, même si l’on peut créer quelques catégories (classées ici de la moins à la plus puissante) :

Le défi, le jeu, le challenge

Le défi doit être bien positionné : ni trop difficile, ni trop facile ; le sportif doit avoir confiance dans sa capacité à réussir tout en ayant un niveau de défi suffisant pour susciter l’intérêt.

Une séquence trop difficile est stressante, voire humiliante.

Une séquence trop facile est ennuyeuse.

 

La reconnaissance, le regard des autres, l’estime de soi

Le travail autour de la motivation consiste à la fois à aider le sportif à se départir de l’importance qu’il accorde aux regards et aux jugements des autres, tout en nourrissant l’estime qu’il se donne à lui-même, la force qu’il ressent sans validation extérieure.

Ca, c’est le travail idéal. Sauf que le préparateur mental saura aussi « jouer » tactiquement avec l’existant à certains moments clés : par exemple en stimulant l’envie de bien faire pour autrui (disons ses parents, les médias, les spectateurs, etc.) si cette envie est encore présente chez le sportif.

 

Le sentiment de grandir, de progresser

C’est un travail important car l’athlète est très souvent orienté vers le futur et en ce sens, il voit tout ce qu’il lui reste à parcourir jusqu’en haut de son sommet. Sauf que cela peut être harassant de seulement constater ce qu’il manque. D’où l’idée de se tourner vers l’arrière, le passé, pour constater tout le chemin parcouru. Ce faisant, le sportif fait le constat de ses progrès et ses efforts font sens : il se développe.

 

Le plaisir des sensations

Etre dans son être, sentir son corps…ne plus être dans sa tête. C’est peut-être la motivation la plus naturel du sportif !

Et pour renforcer ce plaisir (qui induit de la motivation), il est intéressant d’inviter le sportif à prendre conscience de ses sensations et d’induire des notions de légèreté, de fluidité, de puissance.

Et, au-delà d’une certain effort, il y a en bonus la sécrétion d’endorphone, cette hormone qui éteint la fatigue et la douleur dont sont si addicts les athlètes des disciplines qui « durent » (ex : triathlon).

 

Les valeurs que le sportif est prêt à incarner et à défendre

Par exemple : « le beau jeu », « le fair-play »

Outre les valeurs, interroger l’athlète sur la cause qu’il défend, voire la mission qu’il se donne peut être très puissant. Par exemple, « marquer l’histoire de son sport », « montrer que l’on peut être performant et faire le show – penser à Usain Bolt…», « offrir de la joie aux spectateurs », etc.

Ces éléments renforceront la motivation du sportif car ils constitueront des repères de sens grâce à un élément qui transcende le résultat : je peux être fier d’être fidèle à ma cause même si pendant une compétition cela n’a pas conduit à la victoire.

Des clubs de foot ayant une histoire longue comme le Real Madrid ont des valeurs fortes qui guident la dynamique d’équipe et les joueurs. En jouant pour ce club, les joueurs participent à quelque chose de plus grands qu’eux. Et ça, c’est sacrément motivant.

 

Le rêve qui l’habite

Nous sommes (et les sportifs comme tout le monde) très souvent dans le concret, le rationnel. Notre cerveau est spécialiste pour analyser les risques, juger, critiquer.

Et nous sommes aussi capable d’être créatifs et rêveurs. Certains sportifs osent exprimer leurs rêves. On les traite d’ailleurs parfois de fous ou on estime qu’ils manquent d’humilité…D’autres n’osent pas ou oublient leur rêve initial.

Le travail consiste donc à aider le sportif à laisser émerger son rêve pour qu’il lui redonne du souffle et de la puissance. Il faut pour cela se laisser aller et faire confiance à son monde intérieur. C’est quelque chose qui vient lorsque l’on se met dans le bon « état » grâce aux expériences psycho-corporelles comme le yoga, la méditation, la sophrologie ou encore l’hypnose.

 

Evidemment, pour chaque catégorie, il faut que cela fasse sens pour le sportif.

 

Autre élément transverse à ces grandes familles de motivation : les objectifs. Ils constituent de vrais marqueurs de réussite lorsqu’ils sont bien formulés.

Chez Soyez P.R.O. on utilise l’acronyme SUPER :

S pour Spécifique : l’objectif doit être concret, clair et mesurable

U : uniquement dépendant du sportif ; et c’est ainsi que l’on passe souvent de manière judicieuse d’un objectif de résultat à un objectif de moyen

P : exprimé positivement (« rechercher des solutions » plutôt que « ne pas péter les plombs »)

E : écologique, car poursuivre un objectif peut avoir des effets de bord (ex : prendre 10 kg de muscle en 6 mois peut amener à perdre en souplesse par exemple) ; il faut donc intégrer tous les paramètres et conséquences de la poursuite d’un objectif

R : réaliste c’est-à-dire ambitieux tout en étant réalisable (rien de plus démotivant que de se fixer un objectif inatteignable)

 

3/ Les freins à la motivation

Les motifs de démotivation sont nombreux :

Le manque de sens

Conduire le sportif à faire le lien entre ce qu’il fait (à court terme) et son rêve (à long terme). Car, comme disait Nietzsche : « qui a un pourquoi peut supporter tous les comment ». Donc, en cas de démotivation, il est puissant de replacer au centre de l’attention du sportif ce pour quoi il fait tout ça.

 

Le manque de résultats visibles

Examiner en détail les progrès, prendre un horizon de temps plus long et le raccrocher à la mission qu’il s’est fixée. C’est vrai que la beauté du sport réside dans la vérité du terrain. Et en même temps, les progrès sont parfois invisibles en compétition, tout simplement parce que le puzzle met du temps à se mettre en place. D’où cette idée de réorienter le mental vers les progrès des dernières semaines et derniers mois et observées pendant des sessions d’entraînement (et pas seulement en compétition).

 

Une situation trop facile, trop routinière

Le cerveau n’aime rien tant que la nouveauté car face à quelque chose de nouveau, le cerveau est stimulé. Face à quelque chose de connu, le cerveau devient passif, et donc paresseux. Comme il n’aime pas ça, il envoie un signal : « stop » ! Sauf que ce n’est pas toujours évident de changer la pratique. Quand un nageur s’entraîne et fait des longueurs, cela peut paraître répétitif, donc ennuyeux. Et c’est là où le risque de perdre en concentration est élevé. Or, pour progresser, pour performer, la concentration, c’est-à-dire l’immersion dans l’action tous sens en éveil, est essentiel.

C’est pour cela qu’il est parfois tactiquement judicieux de proposer des défis / de nouveaux objectifs stimulants.

 

Un challenge trop gros, trop long

Se sentir au pied d’une montagne peut être démotivant pour le sportif qui se projette sur un chemin sans fin. Or, se voir arriver, se voir réussir est un grand levier de motivation car cela déclenche de la dopamine.

Il est ainsi intéressant d’établir des micro-étapes, des micro-objectifs qui stimulent à court-terme.

 

4/ La discipline : l’alliée de la motivation

Vous pouvez voir la motivation comme l’air à l’intérieur d’un ballon de baudruche : ce qui lui permet de s’envoler. Sauf s’il n’y a pas de nœud !

Sans discipline, la motivation s’essouffle, s’étiole.

La discipline c’est donc ce que le sportif décide de mettre en place comme moyens pour mener à bien son plan. Et, une fois que les moyens sont définis, il s’agit de ne pas s’y soustraire. Ou alors en pleine conscience et dans ce cas, il faut alors redéfinir un plan qui paraît mieux adapté.

Admettons donc qu’une discipline soit mise en place.

Prenons l’exemple d’un sportif qui décide de prendre 15 minutes tous les soirs pour faire le point sur sa journée, son entraînement, noter ses idées, ses émotions, etc.

Les 1ers jours, cette nouvelle habitude devrait être facile à tenir, la nouveauté étant souvent source de motivation en elle-même. Mais après 10 ou 15 jours ? Les neurosciences disent qu’il faut 21 jours pour ancrer une habitude…je vous laisse tester mais ce n’est peut-être pas vrai pour tout le monde !

Afin qu’elle ne devienne pas une contrainte pénible que le sportif cherchera par tous les moyens à éviter, il apprendra à apprécier sa discipline. Par exemple, en constatant le fruit de ce que cette pratique produit sur lui. Ou en tout simplement en appréciant faire ce qui est bon pour lui / pour son plan.

 

5/ Quels leviers pour booster cette motivation pendant une compétition ?

Outre tous les leviers évoqués à activer durant un travail dans la durée avec un sportif, il peut être pertinent de parler de motivation pendant la compétition.

Par exemple lorsqu’en plein trail, l’athlète fatigue et se demande ce qu’il fait là.

Ou encore, lorsqu’une équipe de foot a été largement dominé et a le moral au plus bas à la mi-temps.

Voici 3 outils qui peuvent être utiles :

La visualisation gagnante 

Le sportif s’imagine dans un scénario gagnant où il fait preuve de courage, de malice, de résilience. Il est dans le dur à moment donné mais se donne du courage en s’imaginant en avoir ! Il se voit franchir les obstacles avec fierté et envoie à son cerveau le message : « tu es sur le bon chemin, tu vas y arriver ! »

 

L’objectif supérieur

Le sportif prend mentalement du recul pendant sa compétition et se reconnecte à sa mission, sa cause où à tout élément qui lui semble supérieur à l’effort et à l’action même qu’il est en train de faire.

 

Le dialogue intérieur

Le dialogue intérieur c’est cette petite voix qui s’immisce. Le problème c’est que souvent cette petite voix transmet des idées négatives ! Du genre : « c’est mort, tu n’y arriveras pas » ou le très classique : « je suis mort physiquement » voire « t’es nul ! ».

Dialoguer intérieurement consiste à questionner cette petite voix. Par exemple, en lui demandant « est-ce que c’est vrai ? », « comment le sais-tu ? », « et s’il y avait une possibilité de changer ? »

Une autre façon de faire : plutôt que d’écouter une voix intérieure négative, précéder ces pensées par un discours intérieur positif. Le roi de ce discours intérieur c’est Emile Coué, le roi de l’auto-motivation ! Chaque sportif peut se construire son propre mantra, une phrase simple, positive et puissante dans laquelle il croît, et qu’il peut se répéter à volonté. Puisque le cerveau prend les pensées pour la réalité, autant choisir des pensées aidantes !

A chaque sportif de construire les siennes.

 

6/ Comment remotiver un sportif ?

 Lorsque le sportif a le moral bas depuis quelques temps, la tentation serait de donner un coup de boost en utilisant des mots et des formules soi-disants remotivants du type : « C’est pas grave ! », « Réalise la chance que tu as de vivre de ta passion », « En ce moment c’est un peu dur mais ça va revenir », « Tu dois te reprendre si tu veux que ça change ! », « Montre nous ce que tu vaux », etc.

La réalité, c’est que quand un sportif est au fond du trou, la première chose dont il a besoin c’est d’une présence, d’une écoute sans jugement et de quelqu’un qui comprenne son désarroi (et non pas quelqu’un qui lui dit qu’il a tort de penser ce qu’il pense).

Une fois que le préparateur mental a rejoint le sportif dans son trou, il se sent compris et devient apte à avoir une conversation « intelligente ». Car, quand l’athlète « baigne » dans son émotion, cela lui réduit son champ de perception et de réflexion.

A ce moment, le préparateur mental peut aider le sportif à prendre du recul sur son passé (ses progrès) et son futur (le sens qu’il donne à sa pratique, les perspectives qu’il se donne). Une nouvelle vision du monde peut naître en s’extrayant ainsi d’un présent qui semblait étriqué et sans saveur.

 

7/ A l’extrême, le cas de la dépression

Un préparateur mental, même s’il est issu d’une formation en psychologie, n’a pas vocation à traiter des cas de dépressions sportives. En effet, son domaine de compétence est la performance. Il va de soi que pour performer il faut être bien dans ses baskets. Mais dans certaines circonstances, lorsque le sportif est envahi d’idées noires et que son énergie est si basse qu’il ne peut plus « raisonner », il est indispensable de l’orienter vers un thérapeute professionnel. Il est d’ailleurs nécessaire pour tout préparateur mental d’être familier avec ce que recouvre la psychothérapie et de connaître des professionnels auprès de qui orienter en cas de besoin les athlètes avec qui il travaille.

Si vous avez un doute sur la caractérisation d’un état dépressif, je vous invite à parler du cas du sportif à des professionnels pour avoir leurs avis avisés.

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